Guénange Roland Adiceom : de la banque à la danse en talons

Pour passer du domaine bancaire à la danse, il n’y a qu’une paire de talons. Roland Adiceom est professeur de “heels dance” à Guénange, ou danse en talons en parallèle de son métier dans la finance. Une vocation surprenante pour celui qui avoue avoir toujours eu une vie classique auparavant.

Cloé VANONI - 05 déc. 2022 à 12:30 | mis à jour le 08 sept. 2023 à 17:23 - Temps de lecture :
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Roland Adiceom propose des chorégraphies mêlant sensualité et dynamisme.  Photo DR
Roland Adiceom propose des chorégraphies mêlant sensualité et dynamisme.  Photo DR

« Je n’étais pas prédestiné à être danseur et encore moins en talons. »

Roland Adiceom, 28 ans, en a bavé avant d’arriver à son niveau de danse d’aujourd’hui. « J’ai commencé le jazz-funk en 2015 avec une paire de baskets. J’étais un vrai bout de bois, j’allais à gauche quand il fallait aller à droite… Comme quoi, tout est possible. C’est ce que je répète à mes élèves tout le temps », sourit le professeur de danse en talons à Guénange.

À force de travail et de persévérance, il a progressé. Les spectacles devant des centaines de personnes lui ont permis de se libérer. « Avant, quand je dansais, je me demandais ce que les autres allaient penser de moi, je ne me faisais pas confiance et je portais un regard très sévère sur moi-même. » Le jeune homme a mis près de trois ans pour devenir à l’aise avec son corps et gagner en estime de soi.

Yannis Marshall, son déclic et son idole

Comment est-il passé des baskets aux escarpins ? Un hasard, une rencontre. « J’avais 25 ans, je suis tombé sur une vidéo du professeur de danse de la Star Academy, Yannis Marshall, sur Youtube. C’est le précurseur de la danse en talons, notamment pour les hommes. J’ai eu un coup de foudre chorégraphique. Alors j’ai essayé. J’ai mis des talons pour la première fois de ma vie. Je me suis senti comme un super-héros. J’étais puissant, féroce, félin », se souvient avec enthousiasme l’homme à la silhouette longiligne et la crête blonde.

Passé l’évidence première, il a senti qu’il faisait le bon choix de réorientation de carrière lors d’un workshop de Yannis Marshall à Paris en 2020. « Je venais comme élève, pour apprendre de mon idole. Pour moi, cet homme, c’est l’excellence du “heels”. Là, j’ai eu la confirmation que je ne me trompais pas en me lançant comme professeur dans ce style. Petit à petit, j'aimerais vivre uniquement de la danse. »

« Pas de jugements »

Cette transition a été naturelle et n’a rien remis en question dans la vie et la masculinité de Roland Adiceom. « Dans la danse, il faut marquer des pas, leur donner du relief. Parfois, il faut faire preuve de violence, de force, de brutalité. C’est là que mon côté masculin ressort. Mais je garde toujours le visuel sensuel plus attaché à la féminité dans mes chorégraphies. »

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Être un homme qui danse en talons ne lui a jamais posé de soucis. « Je n’ai pas été jugé. Je n’ai toujours eu que de bons retours », affirme-t-il, en précisant dans un rire qu’il ne met pas de talons au quotidien.

« Les esprits sont de plus en plus ouverts »

Lui-même trouve son changement de voie professionnelle un peu fou. « J’ai toujours eu une vie classique avec un parcours scolaire et social dans le rang. Je travaille dans le monde bancaire. » Il confirme que ce n’est pas commun, un homme avec des talons aiguilles. « Ça le devient de plus en plus, les esprits s’ouvrent, les normes changent peu à peu », affirme le Mosellan qui compte deux autres hommes dans ses cours. Il avoue que ça reste dur de faire venir des garçons, car la danse a une connotation très féminine.

Avec une cinquantaine d’élèves et deux classes supplémentaires qui devraient ouvrir début 2023, il semblerait que le jeune homme ait bien fait d’écouter son cœur et d’adopter les escarpins.