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La Caisse de dépôt et les paradis fiscaux

GEN-Nouveau PDG de la Caisse de Dépôt,Charles Émond
Faire fructifier les avoirs des Québécois, mais pas à tout prix. Photo Mario Beauregard


Le nouveau PDG de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), le bas de laine des Québécois, a besoin d’un cours accéléré sur la symbolique de sa fonction et sur sa dimension politique. 

Charles Émond, qui pourtant était un cadre très supérieur de la Caisse avant de remplacer Michael Sabia, devra consulter amicalement le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, qui a appris à être moins « authentique » lorsqu’il répond aux journalistes. D’ailleurs, ce n’est pas une tare, mais disons que ce dernier n’éprouve guère de passion pour les médias. Mais il s’amende. 

Charles Émond vient d’annoncer ses couleurs en homme « raisonnable » et « informé ». La semaine dernière, il a déclaré que « les juridictions à fiscalité réduite [...] sont simplement utilisées comme terrains neutres pour structurer des transactions internationales ». 

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Décodons ce qu’il dit. Techniquement, il a raison. Il n’est pas nécessairement illégal pour des individus et des entreprises de déposer leur argent dans les îles où sont installés les bien nommés paradis fiscaux. Il est illégal de le faire cependant si c’est pour éviter de se conformer au système fiscal du Canada, par exemple. 

Exigences éthiques 

Le président de la Caisse a l’obligation de faire fructifier les avoirs des Québécois. Mais à la fin de l’année, il ne peut se permettre d’annoncer des rendements qui le placent en dehors de la scène sur laquelle il évolue. Et il ne peut non plus se soustraire aux exigences éthiques de la société québécoise et canadienne en ces matières. 

La Caisse se doit donc d’être un modèle, une référence à la culture économique et fiscale du Québec dont une grande majorité des citoyens acceptent les règles. 

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Le président de la Caisse comme tous ceux qui dirigent des institutions à caractère public ont des contraintes plus grandes que dans les entreprises privées. D’ailleurs, les scandales financiers comme le cas de Lavalin en sont la preuve. 

La CDPQ est un joyau de l’État québécois. Sur ses dirigeants pèsent des responsabilités supplémentaires. Son PDG doit posséder un doigté politique incontestable, sachant que ses déclarations feront l’objet d’interprétations diverses. 

Désinvestissement 

À l’évidence, ce fut le cas de Marwah Rizqy, la députée libérale de Saint-Laurent, elle-même experte en fiscalité. Elle a accusé Charles Émond d’avoir reculé sur la question des paradis fiscaux. En effet, son prédécesseur, Michael Sabia, avait affirmé en 2018 que le désinvestissement des placements d’actifs se trouvant dans des paradis fiscaux ou y transitant devait être une priorité importante de la CDPQ. 

Mme Rizqy accuse le président Émond de banaliser les paradis fiscaux. À l’évidence, elle pousse un peu fort l’instrumentalisation qu’elle fait des propos de celui-ci. Comme son collègue de Québec solidaire, Vincent Marissal, qui manie l’ironie en critiquant des banquiers tels que Charles Émond, qui n’auraient pas d’éthique. 

Il faut espérer que le successeur de monsieur Sabia usera d’un vocabulaire plus précis et plus politiquement responsable à l’avenir. L’exemplarité en matière de fiscalité est une des valeurs québécoises dont on ne peut faire fi. En paroles et en gestes. 

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