Au Sénégal, les doses de vaccin anti-Covid arrivent enfin, mais «on a tout perdu» avec la crise sanitaire

Alors que le variant Omicron a été détecté en Afrique du Sud, les experts alertent sur l’urgence à redistribuer des doses de vaccin aux pays pauvres. Nous nous sommes rendus récemment à Dakar, où les dons s’accélèrent. Mais le Covid n’est plus la priorité des habitants, plongés dans une plus grande pauvreté depuis la crise sanitaire.

Dans un centre de vaccination de Dakar (Sénégal), le 16 novembre. Seulement 7% de l’Afrique est protégée contre le Covid-19. LP/Arnaud Dumontier
Dans un centre de vaccination de Dakar (Sénégal), le 16 novembre. Seulement 7% de l’Afrique est protégée contre le Covid-19. LP/Arnaud Dumontier

    C’est l’histoire d’un virus qui nargue les hommes et se moque des frontières. Dernier épisode en date, le mutant Omicron initialement détecté en Afrique du Sud est jugé « préoccupant » par l’OMS. Obligeant le Vieux Continent à fermer ses frontières à l’Afrique australe. « On arrive au bout du système, prévient Philippe Amouyel, professeur en santé publique au CHU de Lille. Tant que les autres pays du monde ne seront pas vaccinés, un autre variant pourra toujours émerger et arriver chez nous. » L’infectiologue Pierre Tattevin acquiesce : « Plus le virus va circuler, plus ce risque est grand. »

    Cette menace, les pays riches l’ont bien comprise. Et, depuis mi-2020, ils ont tendu une main intéressée à l’Afrique et à l’Asie. Mais les pays donateurs n’ont pas tenu leurs promesses aussi vite que prévu. « Beaucoup se sont retrouvés confrontés à des rebonds épidémiques et ils les ont gardés pour eux », explique Pierre Tattevin. Aujourd’hui, les dons décollent. Et le programme « Covax », qui permet une redistribution de doses des pays riches aux plus pauvres, vient de franchir la barre des 500 millions. La France a enfin accéléré la cadence, passant de 4,3 à 62 millions. Par cet accès plus équitable, l’organisation mondiale table sur une protection de 20 % des pays pauvres. On en est encore loin. Seule 7 % de l’Afrique est protégée.